Manilo, c’est le seul ici qui avait une maison.
On m’a signalé qu’il était maltraité. Il est passé d’une famille qui ne s’en occupait pas, à un type dont je ne sais rien, puis à une autre personne qui ne savait pas comment le gérer.
Au final : un chien mal nourri, maigre, en colère, attaché à une chaîne ridicule, prêt à mordre tout ce qui passe — moi comprise.
Quand je suis allée le chercher, j’ai pris Timmy avec moi, un de mes grands gaillards, le plus intelligent socialement.
Et je crois sincèrement que si Timmy n’avait pas été là, je serais rentrée avec une main en moins.
Pendant tout le trajet, Manilo était agité, terrorisé.
J’ai tout essayé pour le calmer, rien n’y faisait.
Arrivé au Rancho, je l’ai mis dans l’espace que j’avais préparé pour lui, mais il ne supportait pas d’être enfermé. Il hurlait, détruisait tout, et moi, j’étais dépassée. Je me suis assise, j’ai pleuré, en l’entendant se débattre.
Et puis j’ai pris une décision folle : je l’ai libéré.
Je me suis dit, “peut-être qu’il va s’en aller. Peut-être que c’est ce qu’il veut : être libre, lui qui n’a connu que la chaîne.”
Et si c’était le cas, je devais lui offrir ça.
Quand je suis revenue, il était là.
Il nous attendait.
Et à partir de ce moment-là, tout a changé.
Il a observé mes chiens, a commencé à écouter, à apprendre.
Il a compris les règles de la meute, a trouvé sa place, et surtout, il s’est apaisé.
La liberté a été son médicament.
Mais Manilo ne sera jamais un chien calme.
C’est un chiot de quatre mois coincé dans un corps d’adulte.
Il découvre tout pour la première fois, fait les bêtises d’un chiot — sauf qu’il pèse 30 kilos. Il vole, il saute, il court, il détruit, et il adore me montrer combien il m’aime avec ses dents.
Quand il a été assez fort, je l’ai amené se faire stériliser.
Une opération “de routine”, en théorie.
Mais le lendemain, son corps a lâché. Il tremblait de tous ses membres, tombait sans arrêt, même en dormant.
Le diagnostic : une maladie transmise par les tiques, aggravée par l’anesthésie. Une conséquence de mois des carences et la négligence de sa vie d’avant.
On a lancé un traitement d’urgence — antibiotiques, fer, vitamines — et beaucoup d’amour.
En 24 heures, il a commencé à aller mieux.
Aujourd’hui, il court (un peu maladroitement), joue, et redécouvre la vie.
Manilo, c’est un concentré d’énergie, de force et de tendresse brute.
Un chien abimé qui apprend encore ce que ça veut dire d’être aimé.
En le parrainant, tu participes à ses soins, à sa nourriture, à ses traitements…
et, soyons honnêtes, à quelques réparations aussi. 😅
